Article du Mag#114 - Janvier/Février 2025
Au Centre Pompidou-Metz, dans la perspective saisissante de la galerie 3 ouverte sur la ville, l’artiste gallois a déployé ses visions mouvantes. Sculptures lumineuses et sonores telles des danseurs surgis de nos imaginaires, reflets infinis et électrisants sur les murs entièrement vêtus de miroirs se mêlent aux lueurs messines.

Un jardin d’hiver accueille tout d’abord le visiteur. L’artiste connu pour ses sculptures lumineuses l’a installé dans le Forum, en écho aux jardins japonais qui l’ont nourri. Le titre de l’exposition lui-même est emprunté au Japon, où justement les « lueurs empruntées », évoquent les regards que l’on porte parfois malgré soi depuis une fenêtre donnant sur le jardin de son voisin. Mais ici ce sont les lumières de la cité messine que Cerith Wyn Evans saisit pour un temps. C’est avec elles qu’il partage les reflets de ses sculptures.
Lorsque l’on parvient à la galerie 3, la féerie mouvante opère. Inspirées des gestes codifiés du théâtre Nô, ce théâtre japonais traditionnel du XIVe siècle, les sculptures de néons parsemant l’espace forment comme une chorégraphie. Chacune des oeuvres possède cependant sa singularité, parfois des réminiscences d’oeuvres d’autres artistes. Une relecture des tracés géométriques de Franck Stella, que Cerith Wyn Evans réinterprète comme « une partition », ou encore la résurgence de la composition Pli selon Pli de Pierre Boulez, dans des panneaux de verre suspendus telle une chambre sonore enveloppant l’auditeur spectateur.

Poésie et technicité
Dans les immenses baies vitrées aux extrémités de la galerie, les reflets des installations lumineuses dansent littéralement avec le panorama messin. Des tuyaux d’orgues de verre et des flûtes délicates jouent avec la cathédrale. « L’idée de souffle traverse toute l’exposition. C’est plein de poésie, mais également d’expertise et de prouesses techniques », souligne Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz.
L’exposition, qui crée des images instables, quasiment immatérielles, existe pour que les gens expérimentent, y passent du temps et entrent en relation avec les oeuvre
Cerith Wyn Evans
En installant des différences ténues - entre deux lustres scintillants par exemple -, il joue avec les limites de la perception, plie et déplie le « fi ltre » de la lumière « pour que les gens voient à travers [son] regard », dit-il, évoquant peut-être en réalité une quête de tous les regards possibles. Et de suggérer :
« Ce que l’on voit n’est jamais ce que l’on voit »
:
Le saviez-vous ?
Exposition, Cerith Wyn Evans - Lueurs empruntées à Metz
Centre Pompidou-Metz, jusqu’au 14 avril 2025
centrepompidou-metz.fr
Dernière mise à jour : 20/02/2025