Une partition messine qui n'a rien à envier à Versailles !

En 2019 ressurgit, au détour des rayonnages de la bibliothèque diocésaine, une partition musicale de 1734. C’est naturellement Anne-Catherine Bucher, la Messine défricheuse de patrimoine musical baroque, que l’on appelle. « Faire encore des découvertes comme celle-ci, dans sa ville, au XXIe siècle, c’est un cadeau ! » se réjouit la spécialiste. 

Mais la véritable émotion arrive lorsque la musicienne commence à lire le manuscrit de 400 pages, un livre de chant destiné aux moniales de l’abbaye royale de Sainte Glossinde, actuel évêché de Metz. « Ce sont les motets, une forme subtile de musique vocale française. Ils étaient chantés dans le cadre religieux et en concert, explique Anne-Catherine. Cette musique est du niveau d’un grand compositeur. La qualité de la ligne de chant, la souplesse rythmique ! Voilà la véritable découverte : à Metz, au début du XVIIIe siècle, on a un niveau musical qui n’a rien à envier à Versailles ! », s’enthousiasme-t-elle. 

Le compositeur est Guillaume Haslé, maître de musique à la cathédrale de Metz de 1704 à 1724, et chanoine à l’abbaye. On ne connaît aucune autre œuvre de lui. La partition mêle des motets pour voix de femmes et du plain chant baroque, forme qui plonge ses racines dans le chant messin et le chant grégorien. 
 

L’opiniâtre Anne-Catherine se livre à un véritable travail « d’archéologie » musicale pour retrouver comment chanter cela. En 2020, la crise sanitaire freine le projet, mais l’infatigable artiste décide de reprendre le flambeau du Concert lorrain. Elle avait créé cet ensemble il y a deux décennies, puis en avait laissé la direction à son mari Stephan Schultz. 

Pour garder au projet son authenticité messine, elle réunit des chanteuses du cru, réputées pour leur connaissance des musiques vocales anciennes. Notamment l’une des spécialistes du chant messin, Marie-Reine Demollière. La partie soliste est interprétée par Laureen Stoulig, elle aussi un talent de la région. 

« Cette musique est une sacrée découverte, nous voulons la partager », appelle encore de ses vœux Anne-Catherine Bucher, ravie d’être programmée par l’Arsenal.